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Vacances en France entre camping et virées citadines

Installer sa toile sous les pins, respirer la résine à pleins poumons, puis partir le lendemain arpenter les rues pavées d’une vieille cité : tel est le plaisir double que la France offre au voyageur curieux.Ici, les distances sont courtes et la variété continue ; on peut passer d’un marché de village parfumé de fromages à un musée d’art moderne en l’espace d’une heure de train.

Pour profiter de cette fluidité, beaucoup commencent le périple par Paris. Ils arrivent sacs de couchage et tapis de sol serrés sur le dos, déposent leurs affaires au service de gare Montparnasse consigne — pratique pour vadrouiller légers — puis partent déguster un espresso au comptoir avant de filer vers la côte ouest.

Vacances camping en France
© Freepik

Choisir un camp de base près d’une ville vivante

La magie tient à ce contraste : la nuit, silence de la forêt et chants d’insectes ; le matin, bruissement d’une avenue et café en terrasse. Autour de Nantes, plusieurs campings nichés dans le bocage permettent de rejoindre le centre en tramway ; on se réveille au bord de l’Erdre, on monte dans un TER, et vingt minutes plus tard on lève les yeux devant les Machines de l’île. Le soir on revient, panier de biscuits LU sous le bras, pour rallumer le réchaud et raconter sa journée sous la flamme vacillante de la lampe-tempête.

Même équilibre du côté d’Aix-en-Provence : les terrains ombragés de pins d’Alep se trouvent à dix kilomètres des ruelles colorées. On passe l’après-midi à flâner sur le cours Mirabeau, à humer la pâte d’amande dans les ateliers de calissons, puis on rentre avant la tombée du jour par une petite route bordée de vignes où le mistral secoue les cyprès. Sous la toile, le parfum d’herbes sèches se mêle à celui d’un rosé gardé frais dans la glacière souple.

Quel abri emporter ?

La tente tunnel reste la favorite des familles : haute sous plafond et ventilée, elle sert de salle de jeux quand l’averse surprend le goûter. Les voyageurs ferroviaires, eux, misent sur la tente ultralégère : moins de trois kilos, montage en cinq minutes, idéale pour se glisser à pied depuis la gare vers l’emplacement le plus proche. Les amoureux du bitume préfèrent le van : départ à l’aube pour photographier la façade rose d’une ville encore endormie, retour sous les étoiles vers le même coin de prairie gardé par un hibou curieux. Enfin, les adeptes de confort insolite réservent une yourte ou un tonneau en bois ; ils profitent d’un vrai lit après une journée de marchands, de galeries et de tramways.

Journées en ville, soirées sous la toile

Chaque matin commence par le « rituel baguette ». On rejoint la supérette du camping, on échange un bonjour avec le boulanger qui sort la fournée, puis on croque la croûte encore chaude avant de se diriger vers la gare. À Bordeaux, le train régional vous dépose au cœur du quartier des Chartrons ; on loue un vélo, on suit la Garonne, on s’arrête devant la Cité du vin aux reflets dorés. Midi sonne, les food-trucks se remplissent : on goûte un sandwich au poulet fermier, un cannelé caramélisé, et déjà l’après-midi déroule les arcades de la place de la Bourse. Le soir, retour vers le bassin d’Arcachon où la tente installée sur le sable attend sous les pins : une casserole de moules mijote, un murmure d’océan accompagne la veillée.

À Lyon, autre ambiance : les monts du Beaujolais servent de terrain d’ancrage. On prend un bus jusqu’à la métropole, on traverse la Saône, on se perd dans les traboules fraîches par quarante degrés. Vers dix-sept heures, la fatigue guette ; un express local ramène tout le monde au camping, les enfants se bousculent autour de la piscine, les parents débouchent une bouteille de gamay. L’air sent la tomate séchée et la saucisse grillée pendant que la Croix-Rousse allume ses lumières au loin.

Petits conseils pour un confort sans surcharge

  • Opter pour un sac modulable. Un grand compartiment pour la tente, un plus petit pour les vêtements de ville évite de fouiller sans fin.
  • Privilégier les tissus respirants. Une robe en lin ou un short coton-chanvre passe du musée climatisé au sentier poussiéreux sans arrière-pensée.
  • Glisser une paire de chaussures hybrides. Sandales solides à la plage, baskets légères en cœur de ville ; une seule paire suffit.
  • Utiliser un pass transports. Cartes journalières ou billets TER à petit prix font oublier la voiture et son stationnement compliqué.

Soirées partagées et souvenirs communs

Sur le terrain, le simple fait d’allumer sa lampe frontale attire souvent un voisin curieux. On compare les itinéraires : il revient du Mucem à Marseille avec des photos de façades bleutées ; vous, vous partez demain à Montpellier voir le street-art du quartier des Arceaux. Les enfants se prêtent leurs seaux pour la plage, les ados échangent des playlists, les adultes parlent recettes : comment réussir la poêlée de courgettes achetées au marché, à saucer avec la baguette du matin.

La nuit, le silence se limite rarement à un bruissement de feuilles. Au loin, un clocher sonne, rappelant la proximité d’un village en fête. Des rires s’échappent d’une partie de cartes éclairée par une guirlande LED. Parfois, un train file, ses fenêtres éclairées dessinant une ligne d’or entre les peupliers. Ce vacarme doux raconte tout : la nature n’est jamais loin, la ville non plus.

Au matin du départ

Dernier café pris debout, on replie la toile, on secoue le tapis pour chasser la rosée, on vérifie qu’aucun déchet ne traîne. Le sac semble plus léger qu’à l’aller, même si s’y cachent quelques galets polis, un sachet d’herbes de Provence, un petit carnet couvert d’adresses dénichées dans les ruelles de Nantes ou de Lyon. La gare attend avec son premier train ; onze minutes après, Paris se dresse de nouveau. On récupère ses sacs à la consigne, on reprend la route, le cœur gonflé d’images : un ciel violet sur la dune, une façade art déco, un marché bruissant, un sentier baigné d’aiguilles.

Les vacances prennent fin, mais la tente rangée n’est jamais loin : elle patientera dans un placard jusqu’à la prochaine envie de mêler battements urbains et chuchotements de la forêt, dans cette France qui sait passer d’un trottoir animé à un bord de lac en quelques battements de train.